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Note d’intention

mardi 23 septembre 2008, par Pierre BADAROUX

Le rapport de l’image animée et de la musique :
Eléments de réflexion - Synthèse

Préambule :

Dans le cadre de projest de création musicale menés pour des films muets,
et particulièrement pour Finis Terrae, de Jean Epstein, des ateliers pédagogiques et artistiques se mettent en place pendant l’année scolaire 2008/09 avec des enfants du premier et du second degré.
Sans être un spécialiste du cinéma (historien, sémiologue…), le travail de musicien et compositeur sur des films muets conduit à poser un regard critique sur ce que nous voyons et écoutons, mais non pas en tant que théoricien, mais plutôt d’un point de vue sensible. Souhaitant que ce positionnement puisse vous accompagner dans votre démarche personnelle critique mais également dans le travail développé avec les enfants.

L’image, dans notre société, est prédominante.
Pour autant, elle n’est pas forcément bien lue, bien comprise, bien interprétée.
Depuis bientôt 80 ans, elle est sonore, accompagnée de voix, de bruits,
de sons, de musique. Et pourtant son sens n’est quasiment jamais perçu comme étant le fruit d’un rapport avec les sons et/ou la musique qui l’accompagnent.
Si chaque individu développe une sensibilité particulière (les uns plus sensibles à l’image qu’au son, et vice-versa), le média dominant demeure l’image,
bien au-dessus du son et de l’écrit. L’image modèle notre société,
notre rapport à la société, et les rapports même des individus entre eux.

Il me semble que, dans la majorité des cas, les éléments sonores ne sont pas entendus en tant que tels, car ils renforcent, soulignent, amplifient le sens premier de l’image, ou utilisent des codes reconnus par le spectateur
(aigu et strident pour la peur, lent et romantique pour l’amour…).
Souvent le son accompagne, sert de faire-valoir à l’image, nous dispose à mieux recevoir le sens de l’image, à mieux la comprendre. Pour autant, et ceci comme l’image, nous ne le comprenons pas forcément, ne lui accordons qu’une attention relative…
Mais ce qui semble alors fondamentalement différent entre cette image et ce son que nous ne comprenons pas vraiment, c’est que l’image est instantanée. Elle « est » la réalité alors que le son demeure immatériel, intangible, insaisissable. L’image dit le « vrai » (puisqu’on le voit), le son l’accompagne.

Bien que de nombreux compositeurs aient écrit pour le cinéma des partitions fabuleuses, bien que des réalisateurs accordent une attention extrême à leur bande son, notre regard est toujours absorbé, en premier lieu, par l’image et notre perception du son toujours, au mieux, secondaire.

Ces ateliers ont donc pour but de faire prendre conscience aux enfants que l’image et la musique entretiennent un rapport étroit, et que l’un et l’autre peuvent influer sur le sens général qui s’en dégage.

Il faut donc (ré-)apprendre à écouter les sons et la musique.
Quelle est l’orchestration, quels instruments jouent ?
Quel type de sons entent-on ? Est-ce des sons réels, fabriqués/transformés ?
Quel est le style musical ? Symphonique, Jazz…
Est-ce que la musique est rapide, lente ? aigue, grave ? rythmique ou pas ?
A-t-elle des variations d’intensité ou pas ?
Quelle est la forme de la composition ? Introduction, développement, fin, partie unique ?

Que peut-on dire de la relation de cette musique à l’image qu’elle accompagne ?
Un instrument ou une mélodie semble-t-il accompagner un personnage ?
La musique utilise-t-elle les mêmes attributs (signifiants) que l’image afin de souligner un sentiment, une situation, un lieu, un genre… (La France et l’accordéon, le Jazz et le Polar, la scène d’amour et la musique romantique…),
ou, tout en soulignant l’image, prend-elle le parti de jouer sur des orchestrations, des timbres, des genres musicaux différents de ce qui viendrait « naturellement » à l’idée du spectateur ? (Ennio Moriconne et « Il était une fois dans l’Ouest », Michaël Galasso et« In the mood for Love », Eric Serra et « Le grand bleu »….)
La musique accentue-t-elle le sentiment ou prend-elle le contre-pied ?
De quelle manière ?
Cela paraît-il gratuit ou cela dit-il en fait quelque chose d’autre que l’image ne dit pas (ou pas encore) ? (La notion de Champs/Hors champs applicable à la musique).
La musique est-elle diégétique ou pas ? Fait-elle partie de l’histoire ? (Musiciens, appareil de musique…dans l’image). Idem pour les sons.
Est-elle liée au scénario : temporellement ? géographiquement ?

Voilà un certain nombre de questions qui peuvent permettre de poser un regard critique sur la façon dont se tissent les liens entre image et musique/son.

Il y a donc des données objectives d’analyse, mais il reste la sensibilité de chaque individu… ni mesurable, ni discutable. Cette dimension essentielle doit être prise en compte afin d’amener les enfants sur cette voie de l’expression de leur sensibilité, et de la poétisation du réel.
Ainsi, si la manière d’associer image et son peut-être radicalement différente selon les individus (au cinéma, ou dans ce stage) ce qui compte alors, c’est la construction de ce discours.
La forme, les formes, que nous lui donnons afin qu’il soit « indiscutable » sauf en termes de goût personnel.

Le cinéma-concert :

Ce qui caractérise le cinéma-concert dans le rapport image/son, c’est :
la totale liberté du compositeur à l’égard de l’image,
l’absence de sons (dialogues, sons de l’image…),
la perception par le spectateur que le son ne vient pas de l’image,
la différence d’époque (qui est un fait, non pas un effet)
la présence de musiciens (ce qui n’est plus habituel)
Le cinéma concert permet certainement de prendre conscience, d’une façon forte, que son/musique et image sont étroitement liés dans l’élaboration du sens, et que tous deux, bien qu’indépendants, constituent une œuvre à part entière, unique. Une œuvre constituée de deux discours autonomes, mais qui ensemble créent un sens particulier.

Pierre Badaroux-Bessalel
Compagnie (Mic)zzaj

Quelques points de repères historiques :

- Vers 1823, première photographie de N. Niepce
- 1851, premières photographies animées
- Entre 1872 et 1878, Muybridge réalise les premières prises de vue
- 1888, Reynaud crée le Théâtre Optique et dès 1892 assure les premières représentations publiques de dessins animés.
- A la même époque, Edisson crée le film 35mm perforé.
- 28 décembre 1895, première représentation à Paris du Cinématographe Lumière.
- 6 octobre 1927, projection aux Etats-Unis du premier film parlant, chantant et musical, « Le chanteur de Jazz ».

Bibliographie : Histoire du cinéma Mondial - Georges Sadoul - Flammarion

Quelques compositeurs à (re)découvrir :

- John Barry (Amicalement vôtre, James Bond-arrangement, Out of Africa…)
- John Williams (Les dents de la mer, La guerre des étoiles, E.T.…)
Collaboration étroite avec Georges Lucas et Steven Spielberg
- Henry Mancini (La panthère rose, Charade, Diamants sur canapé…)
- Maurice Jarre (Lawrence d’Arabie, Docteur Jivago, Paris-brûle-t-il ?…)
- Bernard Hermann (Psychose, Les oiseaux, Citizen Kane, Taxi Driver…)
Collaboration étroite avec Alfred Hitchcock
- Nino Rota (Huit et demi, Le Parrain, Le Guépard…)
Collaboration étroite avec Fédérico Fellini
- Ennio Moriconne (Il était une fois dans l’ouest, Le professionnel, Mission…)
Collaboration étroite avec Sergio Leone
- Giorgo Moroder (Midnight express, Fame…)

Liste non exhaustive.

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